🇫🇷 PAUL IN KORNGOLD’S ‘LA VILLE MORTE’

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C’est une forte mais audacieuse idĂ©e de donner Die Tote Stadt (La Ville morte) sans entracte, 2 heures 20 d’une continuitĂ© souvent paroxystique : il faut seulement que Paul, protagoniste tĂ©nor, constamment dans une tessiture crucifiante, s’y prĂŞte. Le jeune amĂ©ricain Michael Hendrick le fait, capable encore d’une ligne piano qui tire des larmes Ă  la reprise finale, comme remĂ©morĂ©e dedans, du lied GlĂĽck das mir verblieb. Et cela paye, dramatiquement, de façon totale.

C’est une forte mais audacieuse idĂ©e de donner Die Tote Stadt (La Ville morte) sans entracte, 2 heures 20 d’une continuitĂ© souvent paroxystique : il faut seulement que Paul, protagoniste tĂ©nor, constamment dans une tessiture crucifiante, s’y prĂŞte. Le jeune amĂ©ricain Michael Hendrick le fait, capable encore d’une ligne piano qui tire des larmes Ă  la reprise finale, comme remĂ©morĂ©e dedans, du lied GlĂĽck das mir verblieb. Et cela paye, dramatiquement, de façon totale, car le dispositif imaginĂ© pour Philipp Himmelmann metteur en scène, Ă  Ă©tage et casiers, permet justement dans sa continuitĂ© le jeu d’apparitions, de leurres plus exactement, de faux contacts (et donc malentendus) qui fait toute l’intrigue de cet opĂ©ra Ă  fantasmes et fantasmagories ici donnĂ© avec une Ă©vidence scĂ©nique, une palpabilitĂ© qu’on n’a pas connues ailleurs.

Ce ne serait pas possible sans l’aisance physique stupéfiante de Marietta (Marie), danseuse selon le livret et à qui Helena Juntunen (ci-contre) — outre la tessiture, pour elle aussi crucifiante — prête une plastique saisissante. Ni l’orchestre mené par Daniel Klajner ni la pure luxuriance vocale des chanteurs ne peut entrer en concurrence avec les toutes récentes représentations de l’Opéra Bastille, la performance de Pinchas Steinberg restant intouchable. Mais dramatiquement, scéniquement, dans sa plausibilité contraignante à en couper le souffle, son efficacité, cette Tote Stadt de Nancy est simplement exemplaire.

http://blogsv2.qobuz.com/andre-tubeuf/2010/05/19/die-tote-stadt/

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Nancy
Opéra national de Lorraine
05/09/2010 – et 12, 14*, 16, 18 mai 2010
Erich Wolfgang Korngold : Die tote Stadt
Michael Hendrick (Paul), Helena Juntunen (Marietta), Thomas Oliemans (Franck), Nadine Weissmann (Brigitta), Andr? Morsch (Fritz), Andr? Post (Victorin, Gaston), Yuree Jang (Juliette), Aurore Ugolin (Lucienne), Alexander Swan (Comte Albert)
Ch?ur de l?Op?ra national de Lorraine, Ch?ur d?enfants Les Mirabelles, Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, Daniel Klajner (direction musicale)
Philipp Himmelmann (mise en sc?ne), Raimund Bauer (d?cors), Bettina Walter (costumes), G?rard Cleven (lumi?res), Martin Eidenberg (video)
(© Op?ra national de Lorraine)

La Ville morte (1920) entrerait-elle enfin au grand r?pertoire en France ? Huit mois apr?s sa r?apparition ?Paris, qui ne l?avait plus vu depuis la cr?ation sc?nique dans l?Hexagone en 2001 (seulement !), l?Op?ra national de Lorraine en r?alise une nouvelle production ? marquer ?galement d?une pierre blanche.

Philipp Himmelmann a semble-t-il gagn? la confiance de la maison puisqu?il y a r?cemment mis en sc?ne Le Chevalier ? la rose et Grandeur et d?cadence de la ville de Mahagonny. Sa premi?re collaboration avec Raimund Bauer, qui signe les d?cors (superbement ?clair?s par G?rard Cleven), conduit ? un visuel pr?gnant, plus onirique que fantastique et reposant sur d?astucieux effets de miroir et, surtout, de multiplication. Le salon de Paul, r?sum? ? un fauteuil et un lampadaire, est reproduit ? l?identique jusqu?? six exemplaires sur deux niveaux ce qui conf?re ? cette sc?nographie au premier abord d?concertante l?aspect d?un ?chiquier. Comme ils n?apparaissant jamais ensemble dans une case, les chanteurs se voient d?s lors confront?s ? un double d?fi : interagir en parfaite synchronisation avec leur partenaire sans l?apercevoir tout en assumant les difficult?s de leur partie. Ainsi Paul ne rencontre jamais Marietta en qui il voit son ?pouse d?c?d?e, tout n??tant que le fruit de son imagination depuis le d?but. Venant renforcer l??motion de ce spectacle ramass?, et se d?roulant d?ailleurs sans entracte, un portrait g?ant de Marie, qui s?anime au premier tableau, recouvre tout le fond de la sc?ne. Une f?te quelque peu canaille dans le tableau suivant oppose un contraste saisissant avec l?intense po?sie qui domine cette lecture fouill?e de ce coup de ma?tre d?un Korngold de vingt-trois ans.

L?Orchestre symphonique et lyrique de Nancy se montre au point et persuasif dans cette partition virtuose et d?tonante qui convoque, comme chacun sait, Strauss, Puccini voire Stravinsky et Zemlinsky. Daniel Klajner ?vite la saturation, mesure la puissance et nuance la dynamique ce qui assure la transparence de la polyphonie et pr?serve les voix, soumises ? rude ?preuve mais valoris?es par une ?criture lyrique ? souhait. Aux c?t?s des fort bons Franck de Thomas Oliemans, Brigitta de Nadine Weissmann et Fritz d?Andr? Morsch ? excellente s?r?nade dans le tableau m?dian ?, les deux r?les principaux m?ritent les plus vives louanges. Michael Hendrick incarne un Paul fragile et poignant : sans doute restreint-il par trop son registre expressif mais la vaillance et le timbre sont bien ceux d?un Heldentenor. Pour Marietta, le choix s?av?re ?galement payant : Helena Juntunen poss?de ?galement la carrure requise pour contrer les forces ?manant de la fosse. Allumeuse, pulpeuse, d?une sensualit? flirtant parfois avec la vulgarit?, la soprano ne rate aucune occasion pour ?carter ses jambes galb?es dans des ?lans dignes de ceux d?une Salom? mais aucune faille vocale ne vient g?ter sa composition.

Sous l?impulsion de Laurent Spielmann depuis presque dix ans, l?Op?ra national de Lorraine accorde une place de choix aux ouvrages moins courus : encourag? par cette fulgurante r?ussite, aura-t-il l?audace de d?fendreViolanta, Der Ring des Polykrates, Das Wunder der Heliane et Die Kathrin ?

by André Tubeuf

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