🇫🇷 STRAUSS : ‘ARIADNE AUF NAXOS’ – as Bacchus (L’Opera de MontrĂ©al)

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Michael Hendrick possède une fort estimable voix de ténor héroïque, argentée et magnifiquement soutenue, et livre une convaincante interprétation de l’impayable Ténor/Bacchus.

L’envers du dĂ©cor

Montreal
Salle Wilfrid-Pelletier
11/06/2004 –   et les 8, 11, 13 et 17 novembre 2004

Richard Strauss : Ariadne auf Naxos (1916)

John Fanning (Maître de Musique), Georg Martin Bode (Majordome), Claude Grenier (Un laquais), Antonio Figueroa (Officier), Danièle LeBlanc (Compositeur), Michael Hendrick (Ténor/Bacchus), Etienne Dupuis (Perruquier), Aline Kutan (Zerbinette), Marina Shaguch (Prima Donna/Ariadne), Peter Blanchet (Maître de Danse), Allison Angelo (Naiade), Mia Lennox-Williams (Dryade), Marie Simoneau (Écho), Aaron St.Clair Nicholson (Arlequin), Marc Belleau (Truffaldin), Nils Brown (Scaramouche), Pascal Charbonneau (Brighella)

Chris Alexander (mise en scène)
Robert A. Dahlstrom (décors)
Bruno Schwengel, Cynthia Savage (costumes)
Guy Simard (lumières)

Orchestre Symphonique de Montréal
Jacques Lacombe (direction)

Avis Ă  tous les lyricophiles dĂ©pitĂ©s par une relative mais non moins tenace disette en ce qui concerne l’opĂ©ra allemand sur les scènes montrĂ©alaises, l’actuelle production d’Ariadne auf Naxos, prĂ©sentĂ©e en première Ă  l’OpĂ©ra, pourrait bien marquer le dĂ©but d’une saine Ă©volution des mĹ“urs germanophiles en cette ville. L’équilibre scĂ©nique d’une Ĺ“uvre comme Ariadne est somme toute fragile, et tributaire de multiples Ă©lĂ©ments s’entrechoquant au fil de la partition. Il faut ici, au tout premier chef, saluer le travail du metteur en scène amĂ©ricain Chris Alexander, qui rĂ©ussit Ă  orchestrer d’innombrables jeux de tension/dĂ©tente entre kitsch et vĂ©ritĂ©, pastiche et tragĂ©die, bouffe et sĂ©rieux, feinte et sincĂ©ritĂ©, esthĂ©tique et vulgaritĂ©, Ă  travers un exquis foisonnement visuel qui nous rapproche semble-t-il de ce que devrait ĂŞtre une relecture «actuelle» d’un ouvrage «ancien». Ici le geste demeure vif et brillant, l’esprit du texte respectĂ© et le jeu des interprètes mis en valeur par une scĂ©nographie simple, efficace, et surtout crĂ©dible. Alexander parvient Ă  amener le spectateur en coulisse avec lui, Ă  le rendre tĂ©moin des voluptĂ©s et vicissitudes de la condition artistique, et finalement Ă  le faire rĂ©flĂ©chir sur la place qu’occupe l’art dans notre sociĂ©tĂ©, et sur notre propre perception de celui-ci. Que demander de plus ?

La distribution se veut adĂ©quate sous maints aspects. Danièle LeBlanc, vaillante Italiana d’il y a quelques saisons, prĂŞte son mezzo charnel et ductile Ă  un Komponist juvĂ©nile dont l’empressement du dĂ©sespoir n’a finalement d’égal que l’ardeur d’impulsivitĂ©. La voix est belle, convient bien Ă  la langue et au rĂ´le, et projette très bien malgrĂ© quelques aigus un peu secs. Michael Hendrick possède une fort estimable voix de tĂ©nor hĂ©roĂŻque, argentĂ©e et magnifiquement soutenue, et livre une convaincante interprĂ©tation de l’impayable TĂ©nor/Bacchus. Aline Kutan Ă©blouit en Zerbinette, tour Ă  tour fragile et mutine, et dans son cas acrobaties vocales s’agencent avec contorsions corporelles de façon surprenante. On attendait beaucoup de Marina Shaguch, dĂ©jĂ  connue du public montrĂ©alais pour sa superbe Tatiana d’OnĂ©guine donnĂ©e avec l’OSM rĂ©cemment, de mĂŞme que pour une unique Iolanta Ă  Lanaudière; il faut bien admettre qu’elle déçoit cette fois quelque peu. Nonobstant un chant d’une beautĂ© impeccable et une caractĂ©risation d’une grande intensitĂ© dramatique, son interprĂ©tation souffre de cruelles lacunes au niveau de la projection, lacunes qu’on ne sait trop Ă  quoi imputer. Qu’il faille tendre l’oreille pour savourer les guirlandes de vocalises d’une Zerbinette, soit, mais on ne saurait en dire autant du rĂ´le-titre. On regrette donc malgrĂ© tout l’absence de Margaret Jane Wray, remarquable Gutrune et non moins Ă©loquente Sieglinde au Metropolitan cette annĂ©e, et initialement annoncĂ©e dans le rĂ´le principal. Ă€ la tĂŞte d’un OSM rĂ©duit, Jacques Lacombe livre une lecture rigoureuse de cette partition truffĂ©e d’ambivalences, caressant affectueusement les lignes Ă©lĂ©giaques et insufflant une verve toute caractĂ©ristique aux passages endiablĂ©s.

http://www.concertonet.com/scripts/review.php?ID_review=2667

by Renaud Loranger

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